25/01/2010

Brooklyn Boogie (Wayne Wang - Paul Auster, 1995)

Après Smoke, il fallait que je vois le deuxième volet. Quel malheur… le doux charme s’est envolé. Dans Smoke, Auster et Wang faisaient un portrait de Brooklyn, un portrait en creux, sous l’écoulement de l’intrigue. Là, le portrait est au premier plan, revendiqué. Et il ne reste que des bouts de scène. Dans Smoke, il y en avait une très belle et longue où Harvey Keitel montrait son album-photos à William Hurt. Celui-ci tournait les pages et retrouvait toujours la même photo du même coin de rue, sous le même angle restitué jour après jour. Et il disait en regardant vite : mais ce sont toutes les mêmes. Harvey Keitel répondait : oui, mais ralentis, regarde bien. Esquisse métaphysique. Eh bien, on dirait que Brooklyn Boogie prend l’exact contrepied de cette scène. Il n’y a plus que des vignettes chacune différentes. On saute de l’une à l’autre, on retombe sur elles et les dialogues sont lancés, très vite. Souvent agités et rarement drôles. On regarde des points de vue ratés, en somme. Mais deux sont brillants : il y a Lou Reed, sous un bol de cheveux frisés, et Jim Jarmusch. Ils parlent, simplement, sans chercher à construire coûte que coûte une situation. Et je me demande vraiment s’ils disent alors ce qui leur passe par la tête, s’ils jouent désinvolte un texte très écrit, s’ils jouent un texte qui reprend des pensées qui leur sont venues. En tout cas, ils parlent pour - presque - rien et ça me suffit. Le coup de grâce, une apparition de Madonna en telegram-girl chantante. Elle chante vraiment comme un pot.

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