30/01/2010

Shaft (Gordon Parks, 1971)

Le film est mythique. J’attends de Shaft qu’il soit à la hauteur de sa réputation. Un peu. Au moins autant que son thème légendaire (son tempo à la charleston constamment sur le fil, son riff "wah wah" évocateur) par Isaac Hayes. Eh bien, pas forcément. Qu’est-ce que j’en attendais d’ailleurs ? Quelque chose de fortement marqué par les seventies (de longs zooms sur des faces patibulaires), un personnage ultra-charismatique, des dialogues qui prêtent à sourire parce que envoyés sur la corde, une intrigue vaguement regardable qui laisse place aux situations croquignolesques. Le B.A-ba d’un film d’exploitation de l’époque. Blaxploitation, en fait. Il y a un peu de tout ça dans Shaft, mais sans jamais d’osmose. L’intrigue n’est pas vaguement regardable, elle est molle. Aucun dynamisme. Le personnage est certes charismatique, et suranné. John Shaft arbore coupe afro et moustache, porte un long imper en cuir beige et pousse des éclats de rire imprévus. Le générique dure longtemps : pour la musique en partie, et pour voir Shaft se mouvoir dans les rues new yorkaises en faisant fuir les petits revendeurs à la noix, manquant de se faire écraser par une voiture (mais lui répondant aussi sec : enfoiré !), faisant se retourner les filles. Mais Shaft n’a pas grand-chose à faire. Hormis retrouver une fille dont on se fiche à 100 %. Quelques autres à séduire, quelques répliques à envoyer. « - Mais où tu vas Shaft ? - Baiser. Et toi où tu vas ? » dit-il en s’éloignant et en poussant un rire soudain. Serait-ce le moment à retenir ? En dehors de ça, Gordon Parks devait être persuadé de notre intérêt pour les péripéties, qu’il prend un soin superflu à installer… les zones d’attente sont nombreuses. Comme la fusillade finale, qu’il met en place durant 7 longues minutes, pour finalement la torcher en 45 secondes. Et 30 secondes après, de boucler le film. Shaft, la chanson, est cool ; Shaft, le film, j'ai dû le regarder en deux fois.

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